Ce soir c’est la main qui caresse, les doigts qui effleurent, les lèvres qui baisent, la langue qui lèche, c’est peau contre peau ou peau contre soie, c’est je te touche, tu me touches, elle se touche… c’est le toucher guide de la sensualité et du désir…
A l’occasion d’une semaine consacrée à la Main, Adèle Van Reeth reçoit Claudine Cohen et Pierre Pellegrin à propos de la main-outil, d’Aristote à Leroi-Gourhan.
Extraits:
– Les pensionnaires , Antoine Hervé
Minor Swing , Django Reinhardt
Les mains d’or , Juliette Gréco
Le claqueur de doigts , Serge Gainsbourg
Le mystère Picasso (1956), Henri Georges Clouzot
Lectures:
« Apologie de Raymond Sebond », Les Essais (II, 12), Montaigne
Il y a 5 ans, Franck Thorava a découvert l’haptonomie ou « toucher affectif ». Un thérapeute lui a proposé de développer son « sentiment de sécurité intérieure ». Il a vécu cette aventure avec un étonnement permanent.
Tout travail en haptonomie débute par trois séances de découverte, afin de dissiper le scepticisme du patient. Avec Vincent Xambeu , kinésithérapeute et Dominique Decant-Paoli psychiatre, l’haptonomie explore un potentiel humain méconnu, celui du « toucher affectif ». La confiance établie par cette rencontre transforme le soin.
Nathalie y trouve un chemin de réconciliation avec son corps. Caroline, dans son sixième mois de grossesse et Elsa , son épouse, accueillent une petite fille à venir.
Ce documentaire vous propose d’entendre autrement le toucher, ce sens augmenté.
Avec :
Vincent Xambeu , kinésithérapeuthe formé à l’haptonomie ;
Dominique Décant-Paoli, psychiatre et haptothérapeute ;
Nathalie Barbaras , Caroline Fournier et Elsa Kedadouche , et Stéphanie Kappler du Palais de la Découverte ;
Extraits de « Avatar » de James Cameron et de « Œdipe sur la route » de Henri Bauchau et archives Ina (Isabelle Fort Rendu).
Musique originale de Sylvain Ollivier enregistrée par Eric Boisset et Dimitri Scapolan .
Merci, tout particulièrement à Jérôme Strazzulla .
Ainsi qu’à Clara Bouffartigues , Aurore , la cavalière, patiente de Vincent Xambeu, au Palais de la Découverte et au CIRDH Centre International de Recherche et de Développement de l’Haptonomie Frans Veldman.
Dans la rue, une foule frôle chaque jour des sans-abris installés à même le sol. Les passants oseraient-ils, au-delà d’une petite pièce, aller au contact ? Devenus sales et repoussants dans le regard des autres, la bataille des sans-abris est pourtant de chaque jour rester digne et propre.
Le toucher est-il aussi vital qu’un toit ? Les SDF se souviennent tantôt des gestes tendres, tantôt de la violence qu’ils ont reçus. Aujourd’hui, pris dans la course des besoins quotidiens, leur corps leur parait morcelé et ne croit plus en la caresse. Comme s’ils faisaient partie d’un autre monde.
Ces sans-abris ne savent pas qu’à quelques pas d’ici, des masseurs leur proposent de les faire s’allonger et de fermer les yeux, le temps d’un soin.
Avec :
Samir, Christian, et les résidents du Centre d’Hébergement d’Urgence Mouzaïa de l’Armée du Salut
Les masseurs Raphaël Eyquem, Nordine Meguellati et Christine Ngo Courat
Un documentaire d’Elise Andrieu, réalisé par Gaël Gillon.
Mixage : OLivier Dupré. Archives INA, Anne Delaveau
Dans la rue pluvieuse de l’automne, un espace chaleureux s’ouvre aux sans-abris. C’est au cœur de ce centre d’hébergement d’urgence de Paris que quelques masseurs proposent bénévolement leurs soins. Les sans-abris hésitent, avancent timidement, puis s’installent sur la table de massage. Pour la plupart, cela fait bien longtemps qu’ils n’ont plus été touchés.Des mains se posent sur le corps des sans-abris désormais allongés. Elles les enveloppent, les frictionnent, massent les pieds, le visage. Le souffle devient lent, le regard s’ouvre et sourit. Un à un, les sans-abris confient ce que les massages réveillent en eux : les nuits dehors, les enfants qu’ils ne voient plus, ceux qui les prenaient dans les bras lorsqu’ils étaient petits… Les masseurs, eux, racontent ce qu’ils sentent sous leurs doigts. Au cours d’un bref massage, le monde du « dedans » et du « dehors » se sont rejoints.
Avec :
Les résidents du Centre d’Hébergement d’Urgence Mouzaïa de l’Armée du Salut,
les résidents de l’ESI famille d’Emmaüs Solidarité
Les masseurs Raphaël Eyquem, Sophie Andrieux et Nordine Meguellati
Un documentaire d’Elise Andrieu, réalisé par Gaël Gillon.
Mixage Olivier Dupré. Archives INA : Anne Delaveau
Tâter, tripoter, blesser, atteindre, choquer, heurter, émouvoir, affecter, perturber, concerner, intéresser, se toucher, se joindre…..
Dans ma langue maternelle il existe un seul mot pour désigner le « toucher » et le « tact », dans le vocabulaire italien « il tatto » définit le sens et la délicatesse à la fois, un peu comme si dans le toucher il y avait forcément une notion de douceur intrinsèque, pouvoir de la langue….
Le toucher n’appartient pas à une seule partie du corps comme les autres, on « touche » avec tout notre corps, et de la même manière on peut être « touché ». Aristote disait que le toucher était adelon en grec, c’est à dire inapparent, obscur, secret, nocturne.
On peut toucher au sens propre comme au sens figuré et le toucher peut provoquer en nous les mêmes sensations. Il suffit pour cela de penser aux formules que la langue française utilise avec ce mot : « toucher un mot », « être touché par quelque chose », « toucher du bois », « toucher du doigt » .
Une ballade d’une heure trente, entre archives et invités pour raconter une partie de l’histoire du toucher.
Avec:
Marie-Christine Pouchelle , anthropologue, qui nous parle de la hiérarchie du toucher à l’hôpital
Alain Corbin , historien des sens, qui nous offre une ballade à travers les siècles afin de comprendre la place du toucher dans la hiérarchie des sens ainsi que les changements des pratiques sociales par rapport au toucher…
Nicolas Darfeuille , ingénieur qualité chez Hermès et Mickael Matos de Carvalho coupeur chez Hermès,nous racontent comment le toucher les accompagnent dans leur journée de travail pour choisir, couper, et créer la maroquinerie de cette marque prestigieuse.
Mathieu ce matin dans l’édito carré, les pouvoirs du toucher…
Oui car notre société se touche de moins en moins. Le contact avec le corps de l’autre semble s’effacer progressivement. Dans le domaine du soin en particulier où la médecine privilégie les appareils au détriment du lien direct avec les patients.
Et pourtant Ali, des études de plus en plus nombreuses prouvent les bienfaits du contact corporel. Mais je sais que vous n’en doutez pas.
La dernière en date publiée la semaine dernière dans la revue PNAS a étudié les effets analgésiques induits par le toucher.
Pour réaliser cette expérience, les scientifiques américains ont choisi des « romantic partners », des couples d’amoureux pour voir si le degré d’empathie jouait un rôle important dans la réduction de la douleur.
Ils ont ensuite affublé nos tourtereaux cobayes d’un casque d’électroencéphalogramme pour enregistrer l’activité de leur cerveau et cela dans trois situations différentes : la première lorsqu’ils étaient séparés chacun dans une pièce, la deuxième placés côte à côte sans se toucher et la dernière lorsqu’ils se tenaient la main.
Dans cette expérience qui n’aurait pas déplu au marquis de Sade, c’est la femme qui recevait une stimulation douloureuse de la part du scientifique, à savoir une chaleur intense sur le bras.
Et alors quel a été le résultat de ce procédé sadique ?
Les conclusions de l’étude indiquent que lorsque les deux partenaires se tiennent la main, leurs cerveaux se synchronisent. C’est-à-dire que les ondes cérébrales de la personne qui souffre imitent le comportement du partenaire qui va bien, ce qui lui permet de diminuer le ressenti de la douleur.
C’est ce couplage des deux cerveaux des amoureux avec la synchronicité de la fréquence cardiaque et de la respiration qui est une découverte pour les chercheurs.
Ce qui est amusant dans cette expérience c’est que lorsque le partenaire amoureux qui ne souffre pas est remplacé par un expérimentateur, ça ne marche plus. L’effet antalgique est donc directement associé au toucher affectif.
Selon le neurophysiologiste Bernard Calvino, cette étude est également intéressante parce qu’elle montre la peau comme un véritable organe social et émotionnel.
Et vous parliez de déficit du toucher en début d’édito…
Oui parce qu’on sait à quel point le lien tactile est important dans les interactions entre les humains. Le toucher pouvant diminuer le stress et l’anxiété et renforcer l’attachement à tous les âges de la vie.
C’est le cas bien sûr entre le bébé et sa maman avec les effets du « peau à peau » qui sont bien connus mais aussi chez les personnes âgées dont le corps est pourtant souvent repoussé et mis à distance. Des études ont montré que le toucher faisait baisser la peur et l’angoisse de la mort chez des patients en fin de vie.
Le philosophe du corps Bernard Andrieu regrette cette perte du lien tactile dans nos sociétés.
Il observe que le toucher et ce besoin d’être touché, disparaissent au profit du virtuel et de l’immatériel. Et il nous invite sans tarder à une reconquête sensorielle pour découvrir ces pouvoirs immenses.